La libéralisation de l’économie de l’île Maurice a suivi une méthode originale, peu classique par rapport aux théories économiques classiques. Elle a suivi son propre chemin, en s’adaptant aux forces et aux faiblesses de l’existant, sans s’attacher à respecter un dogme précis.
Cette approche pragmatique a combiné une libéralisation certaine et une intervention forte de l’Etat, au triple titre d’initiateur de la politique menée, d’opérateur, afin de favoriser la concurrence, et de régulateur pour protéger les secteurs économiques les plus vulnérables.
La première étape est au début des années 1970
l’île Maurice est alors assise sur la rente sucrière, le pays étant en situation de quasi-monoculture, et décide de favoriser les exportations.
Le gouvernement crée alors une zone franche à l’export, dans le but d’attirer les capitaux étrangers dans le secteur manufacturier. De grands noms du textile, à l’instar de Ralph Lauren, y installent alors leurs usines.
Cette politique de zone franche a permis dans les années 1980 de passer à une deuxième étape, libéralisant les opérations bancaires, afin d’attirer de nouveaux investisseurs, dans l’industrie et dans le tourisme, qui se développe à partir de ce moment-là sur un modèle haut de gamme, Maurice ayant toujours refusé de jouer la carte du tourisme de masse, par volonté politique, et pour préserver l’aspect des paysages de l’île.
Cette phase a permis d’atteindre une situation proche du plein emploi, et de commercer à attirer des investisseurs et des emplois plus qualifiés.
Ceci a permis le basculement, au début des années 2000 vers une troisième phase, plus orientée vers les services, et des emplois plus rémunérateurs, contribuant à la hausse du niveau de vie de la population. Ainsi, une cinquantaine de centres d’appels ont vu le jour, profitant du bilinguisme français anglais de beaucoup de mauriciens.
Des sociétés informatiques y ont aussi installé des centres de développement. Tout ceci s’est fait en combinant l’investissement privé, à très large dominante étrangère, et une implication continue de l’État, basée sur un large consensus, quel que soit le parti politique au pouvoir.
Économie de l’île Maurice : les entreprises locales
Le développement de l’économie mauricienne a permis la constitution de groupes familiaux qui exercent une influence significative dans l’économie de l’île.
En termes d’actifs, la première place est sans doute détenue par les deux holdings familiales de la famille Lagesse, GML et Ineo GML.
Issues de l’industrie sucrière, cette famille possède les plus grandes plantations de l’île, et assure l’héritage d’une activité fondée par l’arrière-grand-père du dirigeant actuel en 1939. Groupe assez secret, qui a étendu et diversifié ses activités dans tout l’océan indien, et en Afrique, dans des secteurs aussi divers que le tourisme, le commerce de boissons ou la banque (détenant 40% de la AfrAsia banque).
L’ensemble des actifs de la famille Lagesse est estimé à 12,5 milliards d’euros.
La famille Dalais, menée par Jean-Pierre et Arnaud Dalais, dirige et possède CIEL Holding. L’ensemble du groupe emploie plus de 20,000 personnes, à Maurice mais aussi en Tanzanie, à Madagascar et en Inde. Issu également de l’industrie sucrière, la société s’est rapidement diversifiée dans le textile, puis dans le tourisme, qui constituent aujourd’hui encore les trois piliers du groupe.
A cela s’ajoute un fonds d’investissement doté de 126 millions d’euros, qui investit, outre dans le tourisme, dans les biotechnologies. La famille est aussi actionnaire principal d’une banque, la Bank One. L’ensemble des actifs est estimé à près de 6 milliards d’Euros.
La société familiale Harel Frères remonte à 1838, lorsque le planteur Nemours Harel se lance dans l’exploitation de la canne à sucre. La société proprement dite est fondée en 1960, lorsque le nombre de descendants devient tel que la copropriété directe des actifs est impossible.
La société se diversifie, principalement dans le tourisme, les services informatiques, les centres d’appel et la distribution, comptant 35 filiales à Maurice et 4 à l’international. Entré en Bourse en 1991, et depuis rebaptisé Terra Harel, la famille ne contrôle plus la majorité, bien que restant un actionnaire significatif.
La valorisation des actifs du groupe s’établit autour de 3,2 milliards d’Euros.
La Holding ENL, créée en 1944 pour regrouper les actifs de la famille Espitalier Noël, est toujours dirigée par la famille : Hector Espitalier Noël est PDG du groupe, alors que Gilbert dirige 4 des 6 filiales principale, et Eric une 5ème. Le groupe est actif dans l’agro-alimentaire, l’immobilier, la distribution, les services aux entreprises, l’investissement et les loisirs. Ces actifs sont estimés à plus de 5 milliards d’euros.
Le poids économique de ces grandes familles est donc réel dans l’économie de l’île. Beaucoup d’entre elles sont aussi de grands propriétaires fonciers : ainsi les familles Lagesse et Expitalier Noël possèdent elles près de 6,000 hectares de terres cultivées, et 4,000 pour les Harel.
L’histoire de leur expansion et de leur diversification correspond à celle du pays : d’origine agricole, puis industrielle, puis commerciale et touristique, puis enfin les services.
Créer une entreprise offshore à l’île Maurice
L’île Maurice est-elle une destination de choix pour envisager de créer une entreprise offshore ? Il faut assurément reconnaître qu’elle ne manque pas d’atouts et que sa législation est adaptée à ce projet.
Il existe à Maurice deux solutions pour créer une entreprise offshore : les GBL1 et les GBL2, GBL signifiant Global Business Licence, qui peuvent être de type 1 ou 2. Techniquement, créer une GBL1 ne revient pas tout à fait à créer une entreprise offshore. En effet, les GBL1 sont une constitution hybride entre société résidente et non résidente.
Elles sont assimilées à des sociétés non résidentes de par ce que les affaires conduites par la GBL1 doivent l’être en dehors de l’île Maurice, avec des non-résidents mauriciens exclusivement, dans une devise autre que la roupie mauricienne, en dehors des opérations nécessaires à l’administration quotidienne.
La GBL1 peut ainsi parfaitement avoir un comptable mauricien et le régler ses factures en roupies. En revanche, les GBL1 sont présumées réaliser leurs affaires depuis l’île, et sont donc considérées comme résidentes d’un point de fiscal ; elles ont ainsi accès aux traités fiscaux conclus par l’île.
Pour accentuer la dualité de cette forme de société, une GBL1 est tenue de tenir une comptabilité, et est assujettie à un impôt sur les bénéfices de 15%.
Cependant, un crédit d’impôt correspondant à l’impôt étranger éventuellement payé peut être obtenu, à hauteur de 80%, ce qui réduit le taux de taxation mauricien à 3%. La GBL1 a aussi accès aux traités fiscaux conclus par Maurice.
Pour ces raisons, créer une entreprise offshore au sens traditionnel du terme n’est pas l’objectif de la création d’une GBL1.
Pour créer une entreprise offshore classique à Maurice, il faut se tourner vers la GBL2. Celle-ci est considérée comme non-résidente, et ne bénéficie donc pas des traités. Elle ne peut conclure d’affaires au sein de l’île, n’est pas tenue à une comptabilité et ne paye aucune taxe.
Suivant l’objectif poursuivi à créer une entreprise offshore, on préférera donc l’une ou l’autre solution : pour les holdings destinées à percevoir des dividendes, lesquels ont subi un impôt étranger, on se tournera vers une GBL1, tandis que si le but pour créer une entreprise offshore est de mettre en place une société opérationnelle, de négoce par exemple, la GBL2 sera préférée.
L’ile Maurice en bref
D’où l'île Maurice tire son nom ?
L'île Maurice tire son nom de ses premiers colons, les hollandais, qui la nommèrent ainsi en l'honneur du prince Maurice de Nassau, mort en 1625. Cependant, la colonisation hollandaise ne fut que symbolique, et ils n'occupèrent jamais réellement l'île, et furent rapidement remplacés par les français.
Quand fut elle rebaptisée île de France ?
Ceux-ci la rebaptisent île de France, et sous l'influence du gouverneur Mahé de la Bourdonnais, qui donnera par ailleurs son nom à la capitale des Seychelles, la ville qui deviendra la capitale : Port Louis, en hommage au roi Louis XV. Après l'invasion de l'île par les Britanniques en 1810, elle reprend son nom d'origine. A l'époque, l'économie de l'île est à dominante agricole, en particulier avec la canne à sucre.
Quand arrivent les premiers immigrants ?
De ce fait, de nombreux immigrants, en particulier indiens viennent s'y établir, ce qui explique la grande diversité de la population de Maurice : actuellement, 68% de ses habitants sont indo-mauriciens (52% étant hindous et 16% musulmans) contre 27% de créoles, descendants des anciens esclaves africains, 3% d'origine chinoise et enfin 2% de descendants d'européens.
Quand Maurice accède elle à l'indépendance ?
L'île Maurice accède à l'indépendance en 1968, puis devient une république en 1992. Depuis, elle a connu une réelle expansion économique, passant d'abord d'une économie basée sur l'agriculture, quasi exclusivement celle de la canne à sucre à une économie industrielle. Dès les années 1970, l'île Maurice devient un centre important de l'industrie textile, où de nombreuses grandes marques sous traitent la fabrication de pièces simples.
Il n’est pas rare, aujourd’hui encore, de se voir proposer dans les rues de Port Louis ou sur les plages du Nord Est des pièces sortants des usines officielles des marques, fabriquées en quantités légèrement surnuméraires.
La mutation suivante amène Maurice à se spécialiser dans l’industrie électronique, dans la fabrication de composants électroniques.
Après le passage à une économie principalement basée sur le secteur secondaire, l’île connaît ensuite un passage à une économie basée sur le secteur tertiaire, qui emploie aujourd’hui plus de 70% de la population active : le tourisme bien entendu, que l’île a toujours voulu conserver relativement élitiste, mais surtout les services aux entreprises, comme les centres d’appel, mais également le secteur financier.